Traçabilité et sécurité insuffisantes, ‘dark patterns’... Testachats, le BEUC et 16 autres organisations de consommateurs ont déposé plainte contre la marketplace chinoise Temu pour violation de la nouvelle réglementation européenne sur les services numériques (DSA), annonce l’association belge ce jeudi.

« Après analyse du respect par Temu de ses obligations découlant du DSA, Testachats, sa coupole européenne – le BEUC – ainsi que 16 organisations de consommateurs ont déposé plainte contre la place de marché chinoise auprès des autorités européenne et nationales », annonce l’association belge dans un communiqué publié ce jeudi. Pour rappel, la législation sur les services numériques ou Digital Services Act (DSA), entrée en vigueur le 17 février dernier, vise à rendre l'environnement en ligne plus sûr, plus équitable et plus transparent. « Le Digital Services Act ne concerne pas seulement les discours haineux, la désinformation et la cyberintimidation. Il vise également à garantir le retrait des produits illégaux ou dangereux vendus dans l'UE par l'intermédiaire de plateformes de commerce électronique. Cet aspect n'est pas négociable pour opérer dans le marché unique de l'UE », avait encore récemment expliqué le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton. Parmi les autres dispositions de cette législation, à laquelle la marketplace chinoise Temu, entre autres, est désormais soumise, figurent également la protection des mineurs, l’information sur les publicités qui s’affichent ou encore l’interdiction des publicités ciblant les utilisateurs sur base de données sensibles, etc.

« Temu omet souvent de fournir des informations cruciales »

Les points qui sont principalement reprochés à Temu par Testachats et les autres organisations de consommateurs sont une « absence de traçabilité suffisante des commerçants qui vendent sur son site ou encore l’utilisation de ‘dark patterns’ », en plus de préoccupations concernant la sécurité des produits vendus sur la plateforme. « Temu omet souvent de fournir des informations cruciales sur le vendeur des produits et n'est donc pas en mesure d'indiquer si le produit répond aux exigences de l'UE en matière de sécurité des produits », déplore Julie Frère, porte-parole de Testachats. « La plateforme utilise également des ‘dark patterns’, des pratiques manipulatrices visant à inciter les consommateurs à acheter ou à payer plus cher. Par exemple, les personnes qui cliquent sur un produit se voient proposer non seulement ce produit, mais aussi un certain nombre d'autres produits plus chers et qui ne correspondent pas à leurs critères de recherche. » Enfin, les organisations reprochent également à Temu de ne pas fournir d'informations suffisantes sur ses systèmes de recommandation et sur la manière dont les différents critères qu'elle utilise conduisent à proposer certains produits.

Après seulement un peu plus d’un an d’activité en Europe, Temu y compte déjà plus de 75 millions d’utilisateurs mensuels. Les ingrédients de son succès : un très large éventail de produits, des prix défiant toute concurrence, la vente directe entre fabricants chinois et utilisateurs (dropshipping), la livraison gratuite ou encore la gamification pour susciter l'engagement des clients. Le succès de la plateforme d’e-commerce n’en a pas moins été entaché par de nombreuses polémiques : impact écologique désastreux de son modèle économique, vente de contrefaçons, atteinte au respect des données, voire des droits de l’Homme en Chine...