Garance Wauthier se définit professionnellement comme une « slasheuse passionnée ». « Slasheuse », voilà bien un métier que l’on ne connaissait pas. Nous sommes donc allés à la rencontre de la jeune femme qui nous en dit un peu plus sur son parcours et ses activités.
Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Garance Wauthier : J’ai étudié la Communication et les Relations Publiques à l’UCL. Mon diplôme en poche, je rêvais de travailler dans la publicité. Malheureusement, après les attentats de 2001 et la crise économique qui en a découlé, le secteur était bouché. J’ai donc commencé mon parcours professionnel dans le secteur financier où j’ai fait de la gestion de patrimoine et du people management. Au bout de 12 ans, j’ai eu une grosse envie de changement et j’ai tout plaqué pour me lancer dans l’entrepreneuriat. Cette expérience m’a permis de me rendre compte que ce qui me plaisait le plus c’était le développement du business et la communication digitale qui l’entoure. Je suis donc revenue à mes premières amours et c’est aujourd’hui principalement dans ce milieu-là que j’évolue.
Concrètement, en quoi consiste le métier de slasheuse ? Est-ce d'ailleurs considéré comme un métier ou plutôt comme un statut ?
G. W. : Je considère que « slasheur », c’est plutôt un statut qu’un métier. Le terme vient du symbole « slash » (« / ») et représente une multi-identité professionnelle, c’est-à-dire le fait de combiner diverses activités qui peuvent être sans lien les unes avec les autres. En ce moment par exemple, je fais du coaching en prise de parole et du coaching en organisation d’entreprise, deux activités qui sont assez éloignées de mon business initial.
Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager sur cette voie ?
G. W. : Quand j’ai quitté mon job de salariée, je ne me suis pas directement définie comme une slasheuse. Quand j’ai commencé dans le domaine de l’entrepreneuriat, je me suis rendu compte que les gens faisaient appel à moi ou me recommandaient pour des missions auxquelles je n’aurais pas pensé moi-même. Cela m’a permis de sortir de mon business model fixe et d’élargir le scope de mes services. Mais au fil du temps, répondre à la question « que fais-tu dans la vie » est devenu de plus en plus difficile car j’avais trop de choses à expliquer. Aujourd’hui, le slash me permet d'aligner mes différentes spécificités : rédaction de contenu / création, gestion et animation des réseaux sociaux / formation / conseil en communication / etc.
Quels sont les avantages et les inconvénients ?
G. W. : L’un des principaux avantages est que j’ai beaucoup de variété dans mon travail. Cela me permet de sans cesse découvrir de nouvelles choses et de ne jamais m’ennuyer. J’ai besoin de cela pour me sentir épanouie sur le plan professionnel. Être slasheuse, c’est aussi un positionnement utile en termes de marketing. Je fais beaucoup de networking et quand je dis que je suis slasheuse, cela attise plus la curiosité que dire que je suis « dans la communication ». Cela me permet de me différencier des autres, de susciter des questions et de marquer davantage les esprits.
L’inconvénient majeur, c’est qu’il est difficile d’être référencée. Le positionnement n’est donc pas toujours évident. Un autre inconvénient est qu’on vient parfois vers moi pour des projets qui ne me correspondent pas ou qui sortent de mes compétences et là, il faut savoir dire non. Toutefois, cela me permet de recommander quelqu’un d’autre et donc de travailler tout de même mon réseau. Ce n’est pas non plus toujours facile de passer sans cesse d’un projet à l’autre. De se dire qu’aujourd’hui on travaille pour tel client et que le lendemain on fera complètement autre chose. Mais là aussi, il m’arrive parfois de trouver une solution à la problématique d’un client ou de nouvelles idées grâce à cette diversité de projets.
Quelles sont les compétences et soft skills nécessaires pour être une slasheuse efficace ?
Pour moi, la première chose est de ne pas avoir peur d’aller vers les autres. Personnellement, le networking et le bouche à oreille sont mes principales sources de développement. Il faut donc oser entrer en contact avec les gens et maintenir ces contacts dans la durée. Le but est de rester tout le temps dans un coin de la tête des gens pour qu’ils pensent à moi lorsqu’une mission se présente. Il faut aussi oser sortir de sa zone de confort et avoir l’audace d’accepter des missions qui s’éloignent de ce qu’on fait habituellement. Cela implique aussi de pouvoir s’auto-former rapidement et nécessite parfois une bonne dose de confiance en soi.
Par ailleurs, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le statut de slasheur n’est pas réservé à la génération des Millenials qui n’a pas envie de se fixer chez un employeur à la sortie des études. Au contraire, disposer d’un bagage professionnel important et utile est indispensable. Ce qui me permet d’être slasheuse aujourd’hui, c’est mon expérience. Quand je suis sortie des études, je n’en avais aucune et il m’aurait été difficile de me positionner comme experte. C’est mon parcours professionnel qui m’a permis d’acquérir une palette de compétences sur lesquelles je m’appuie aujourd’hui.
Vous voyez-vous poursuivre à long terme dans cette voie ?
Oui certainement. J’ai besoin de changements, de nouveautés et, cela, le statut de slasheuse me le permet. Je choisis mes projets selon mes coups de cœur et mes compétences. J’avance en fonction des opportunités qui se présentent et de la façon dont je me sens. Être slasheuse, c’est aussi la liberté de ne pas renouveler des missions qui ne nous plaisent plus. Avec certains clients, la collaboration est bonne pendant longtemps jusqu’au jour où on arrive simplement au bout du chemin. On peut passer à autre chose sans contraintes ni regrets. Peut-être que d’ici 5 ans, cela ne me conviendra plus, mais ça, seul l’avenir me le dira.
Gondola People
Cet article est tiré de notre site Gondola People. A la recherche d'un nouvel emploi ou d'une nouvelle recrue ?