La fédération du commerce électronique Becom demande aux gouvernements belge et européen de prendre rapidement des mesures contre l'inégalité des conditions de concurrence entre les plateformes chinoises et celles basées dans l’UE.

Becom a remis ce vendredi une lettre ouverte à tous les décideurs politiques de notre pays leur demandant la création de conditions de concurrence équitables pour tous les commerçants, y compris les boutiques en ligne chinoises, et l'organisation de contrôles efficaces et coordonnés, annonce l’organisation par communiqué. Rédigée conjointement avec 15 pays représentés au sein de l'organisation faîtière Ecommerce Europe, la missive est par ailleurs également adressée aux autorités de l’Union européenne. Lancées il y a maintenant plusieurs années en Chine, les plateformes ultra low cost que sont Shein ou Temu se sont progressivement déployées en Europeces derniers mois, y rencontrant un vif succès, mais soulevant au passage de très nombreuses critiques et interrogations, que ce soit en termes de concurrence, mais également de (non-)durabilité de leur modèle, de traçabilité et de sécurité des produits ou encore de respect des droits des consommateurs, voire des droits humains tout court. En mai dernier, Testachats, sa coupole européenne – le BEUC – ainsi que 16 organisations de consommateurs avaient d’ailleurs déjà déposé plainte contre la marketplace chinoise Temu pour violation de la nouvelle réglementation européenne sur les services numériques (DSA).

« Une situation préjudiciable au développement de l’e-commerce belge »

« Les plateformes et les boutiques en ligne chinoises pénètrent sur le marché européen sans respecter rigoureusement les réglementations. Cela crée des conditions de concurrence inégales », dénonce ce vendredi Greet Dekocker, directrice générale de Becom, par communiqué. « Les boutiques en ligne belges et européennes qui respectent scrupuleusement ces réglementations sont confrontées à la concurrence de fournisseurs qui ne se conforment pas aux règles de l'UE et qui peuvent donc proposer leurs produits à moindre coût. Cette situation est préjudiciable au développement du secteur belge du commerce électronique, dont les 170 millions de transactions réalisées l'année dernière représentaient un montant total de 16,3 milliards d'euros. »

En outre, la fédération du commerce électronique attire également l’attention sur le fait que cette concurrence, en plus d’être déloyale, est également non-durable. « Avec l'avènement du Green Deal, les entreprises européennes doivent investir dans des modèles commerciaux durables, être transparentes sur leurs émissions et aider de plus en plus les consommateurs à acheter de manière consciente. Le contraste est saisissant avec les expéditions aériennes massives pour la livraison de colis », souligne Becom. La fédération fait ainsi notamment référence au « tsunami » de colis qui déferle par transport aérien long-courrier, des exportations qui bénéficient par ailleurs du soutien logistique et financier du gouvernement chinois, ce dernier finançant les vols retours, à vide, des avions cargos.

« Si des acteurs ne respectent pas les réglementations, ils doivent être sanctionnés »

Pour remédier à cette situations, Becom plaide pour que cinq changements soient mis en place par les autorités : l'adaptation de la réglementation européenne à la réalité actuelle du commerce électronique à l'importation, et permettre un contrôle plus efficace ; l'imposition d'obligations d'information supplémentaires aux fabricants et aux plateformes chinoises ; l'augmentation de la capacité de contrôle des douanes ; l'équipement des douanes en technologies modernes de balayage ; et enfin, l'application de sanctions appropriées à l'encontre de ceux qui enfreignent les règles. « Nous demandons instamment aux autorités compétentes de prendre les mesures supplémentaires nécessaires pour que tous les acteurs - y compris ceux qui ne sont pas basés dans l'UE - soient contrôlés de la même manière et selon les mêmes critères », réclame Greet Dekocker. « En outre, les mécanismes de subvention devraient également être équilibrés en abordant cette question dans les accords commerciaux. Ce n'est que de cette manière que des conditions de concurrence équitables pourront être mises en place dans l'intérêt des consommateurs belges, du commerce de détail en ligne, de l'économie belge et d'un climat sain. Si des acteurs ne respectent pas les réglementations, ils doivent être sanctionnés et, si nécessaire, mis hors ligne. »

Amazon veut concurrencer Temu ou Shein

Hasard du calendrier, la charge de Becom intervient alors que la presse américaine rapporte ce même jour que le géant mondial de l’e-commerce, Amazon, a dévoilé mercredi une série de modifications sur sa plateforme pour les vendeurs chinois, avec pour objectif de proposer une vitrine spécifiquement prévue pour concurrencer les poids lourds chinois du low cost, Temu et Shein en tête. Grâce à cette future nouvelle section, qui a été présentée lors d’un événement accessible uniquement aux vendeurs chinois sur invitation, Amazon permettra à ces derniers d'expédier directement leurs produits aux consommateurs américains, sans plus passer par ses entrepôts et dans des délais allant de 9 à 11 jours, explique notamment CNBC sur son site. Cette pratique, connue sous le nom de dropshipping, consiste pour un vendeur à accepter une commande sans disposer de l’article en stock, avant d’ensuite passer commande auprès d’un fabricant, grossiste, etc., et en lui déléguant également au passage la charge de l’expédition des marchandises directement au client. Toujours selon le média américain, qui se base sur la présentation faite aux vendeurs chinois d'Amazon et qu’il a pu consulter, la vitrine proposera une gamme d'articles sans marque, dont beaucoup seront vendus à moins de 20 dollars. Si aucune date de lancement n’a pour l’instant été communiquée, la présentation indique cependant qu'Amazon commencera à accepter des produits à partir de l'automne.