Pour la troisième fois, Unilever voit son offre pour racheter GSK Consumer Healthcare rejetée. L'entreprise souhaite opter pour des produits de santé, loin de l'alimentation classique avec laquelle la marque s’est pourtant développée. L’affaire semble cependant plus difficile que prévu.
Unilever, l'une des plus grandes entreprises alimentaires au monde, a connu des jours meilleurs. Les investisseurs se questionnent : les concurrents, Nestlé et Procter & Gamble, ont vu leurs actions prendre de la valeur au cours des cinq dernières années, alors qu’Unilever a stagné. « La société est détraquée », a déclaré la semaine dernière l'actionnaire principal britannique Terry Smith. Unilever souhaite depuis longtemps changer de cap en optant pour la santé et les soins du corps. Il y a plus de croissance dans ce secteur que du côté des produits alimentaires. La marque s’était même débarrassé de sa branche margarine en 2017. Une décision historique puisque c'est là que tout avait commencé pour elle. L’entreprise s’était également séparé de sa division de thé l'année dernière. « Notre avenir réside dans l'expansion des produits de santé, de beauté et d'hygiène », a déclaré la marque. « Ces catégories offrent une croissance plus durable, qui peut être boostée grâce à l'investissement et à l'innovation. Les acquisitions importantes s'accompagneront d'un déclin accéléré des marques et des divisions à croissance lente, ce qui libèrera des moyens financiers.
Plus de revenus
Cela ne veut pas dire qu'Unilever met l’alimentaire de côté, bien au contraire. L’entreprise a introduit la marque de crème glacée Ben & Jerry's et le substitut de viande Vegetarische Slager il y a quelques années. Eux aussi doivent générer une marge bénéficiaire plus élevée que les produits alimentaires traditionnels, qui opèrent dans un marché saturé. Pour un véritable profit, Unilever se tourne néanmoins vers les dentifrices, les shampoings et les savons, pour lesquels les consommateurs ont dépensé davantage ces dernières années. La société vise ainsi à résister à la pression des investisseurs, qui veulent voir plus de rendements et estiment qu’Unilever performe en dessous de ses moyens.
Un montant de 50 milliards de livres
Pour la troisième fois, Unilever a fait une offre concernant le rachat de GSK Consumer Healthcare. La division grand public dudit groupe pharmaceutique comprend les marques de dentifrice Sensodyne et Paradontax ainsi que les gouttes nasales Otrivin et a enregistré une croissance annuelle de 4% pendant la pandémie. GSK envisage même une croissance potentielle de 6%. Unilever a mis le paquet pour remporter cette division, avec une offre finale de 50 milliards de livres. En vain, puisque la société s’est finalement heurtée à un nouveau refus. GSK veut conserver son activité ‘Consumer Healthcare’ et la rendre publique. Un coup dur pour Unilever et son image de marque. Le changement de cap de l'entreprise nécessite du temps et de la patience. Du côté des investisseurs, qui n’ont justement ni le temps ni la patience, l'action a chuté de 7%. Reste à voir si Unilever renoncera pour de bon à GSK Consumer Healthcare.