Près de 1,4 million de travailleurs étaient invités à élire leurs représentants syndicaux lors des récentes élections sociales (13 au 26 mai). Voici les principaux enseignements de cette cuvée 2024, avec un focus particulier sur les secteurs du retail et de l’industrie alimentaire.

Du 13 au 26 mai dernier étaient organisées les élections sociales dans les entreprises comptant plus de 50 collaborateurs. Au total, ce sont près de 1,4 million de travailleurs, issus de quelque 7.000 entreprises du secteur privé, marchand ou non-marchand, qui étaient appelés à choisir, pour les quatre prochaines années, leurs représentants au sein des comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT, dans les sociétés d’au moins 50 travailleurs) et des conseils d'entreprise (CE, pour les sociétés d’au moins 100 travailleurs). Les candidats délégués se présentaient sous les couleurs des trois grands syndicats du pays : socialiste (FGTB/ABVV), chrétien (CSC/ACV) et libéral (CGSLB/ACLVB). Premier enseignement de cette cuvée 2024 : le taux de participation aux élections a une nouvelle fois baissé. Si la tendance n’est pas neuve, elle s’est encore accentuée cette année pour désormais s’établir à environ 60%. Un point positif toutefois : le taux de participation des jeunes travailleurs de moins de 25 ans a par contre progressé. Même s’il ne s’est élevé en moyenne qu’à 42% en 2024, c’est plus que les 39% de 2020 et surtout des maigres 30% de 2016.

La CGSLB poursuit sa croissance (lente)

Au niveau des résultats généraux, les équilibres n’ont pas été bouleversés, même si de légères évolutions sont tout de même à noter. Le syndicat chrétien CSC/ACV a conservé son leadership, malgré un léger recul : 49,84% des voix au CE et 50,36% au CPPT contre respectivement 50,36% et 51,32% en 2020. Vient ensuite le syndicat socialiste FGTB/ABVV, dont les résultats sont pratiquement identiques à ceux d’il y a quatre ans : 34,94% au CE et 35,52% au CPPT contre respectivement 34,77% et 35,25%). Enfin, même s’il demeure le moins puissant, le syndicat libéral CGSLB/ACLVB est une nouvelle fois en progrès, et ce, pour la septième élection consécutive : 13,87% au CE et 14,12% au CPPT contre 13,30% et 13,42% en 2020.

Ça bouge dans le commerce

Si l’on s’intéresse maintenant aux résultats* secteur par secteur, la donne est toutefois sensiblement différente. Ainsi dans l’industrie alimentaire, qui relève de la commission paritaire 118, CSC/ACV et FGTB/ABVV sont au coude à coude, bien plus qu’il y a 4 ans, avec respectivement 44,31% et 43,55% des voix au CE (contre 45,33% et 42,47% en 2020), et 44,38% et 43,89% au CPPT (contre 45,65% et 42,63%). Quant au syndicat libéral CGSLB/ACLVB, il réalise un score pratiquement similaire à celui des précédentes élections sociales avec 11,74% des voix contre 11,72% en 2020.

Dans le commerce de détail non-alimentaire (CP 311), la donne est assez similaire, avec un syndicat chrétien en légère perte de vitesse et un syndicat socialiste en léger progrès, les deux organisations se disputant le leadership. Dans ce secteur, le premier a en effet glané 45,14% pour 44,50% au second (contre respectivement 45,24% et 43,38% en 2020) au niveau du CE, et 44,99% pour 44,91% au CPPT (46,15% et 42,18% il y a quatre ans). En ce qui concerne le syndicat libéral, le bilan est davantage mitigé puisqu’il signe un recul tant au CE (10,36% en 2024 contre 11,38% en 2020) qu’au CPPT (10,11% en 2024 contre 11,66% en 2020).

Dans les hypermarchés, qui dépendent de la CP 312, si la hiérarchie est restée inchangée, les écarts se sont toutefois (un peu) resserrés. Incontestable premier syndicat, la FGTB/ABVV abandonne toutefois une petite partie de sa suprématie, avec 48,13% des voix au CE (contre 52,55% en 2020) et 51,32% au CPPT (contre 55,14% en 2020). Vient ensuite la CSC/ACV, avec respectivement 36,47% et 35,56% au CE et au CPPT (contre 35,05% et 35,71% en 2020). La CGSLB/ACLVB ferme la marche, signant toutefois une belle progression, avec 14,13% des voix au CE (10,32% en 2020) et 13,12% au CPPT (9,15% en 2020).

Beaucoup moins de mandats dans la CP 202

Enfin, dans les supermarchés classiques, qui émargent à la CP 202, la CSC/ACV chipe le leadership à la FGTB/ABVV en récoltant 42,20% des voix au CE (41,07% en 2020) et 41,10% au CPPT (39,07% en 2020). En perte de vitesse, le syndicat socialiste ne glane ‘que’ 41,69% des voix au CE (45,40% en 2020) et 40,96% au CPPT (45,29% en 2020). À l’inverse, le syndicat libéral signe, lui, une jolie performance avec 16,11% des voix au CE (13,52% en 2020) et 17,94% au CPPT (15,64% en 2020). À noter que dans ce dernier secteur, une évolution est à souligner. Avec les récents changements qui se sont produits ces derniers mois, et notamment la franchisation des magasins Delhaize, de nombreux employés ont quitté cette commission paritaire, ce qui a fatalement réduit le nombre de mandats attribués. Et à ce jeu, c’est la CGSLB qui perd le moins puisque n’étant que peu représentée dans les rangs de l’enseigne au lion par exemple, elle voit donc son poids par rapport aux être syndicats être mécaniquement renforcé : seulement 4 pertes de mandats au CE et 3 au CPPT pour la CGSLB/ACLVB, contre respectivement 28 et 64 pour la FGTB/ABVV et 25 et 48 pour la CSC/ACV.

Sauf disposition contraire, les réunions d’installation des CE et des CPPT nouvellement constitués doivent être tenues au plus tard dans les 30 jours suivant l’expiration du délai de recours, c’est-à-dire en principe 45 jours après la date des élections. À cette occasion, les organes doivent arrêter leur nouveau règlement d’ordre intérieur pour les quatre années suivantes. Puis, dans les deux mois qui suivent la réunion d’installation, l’information économique et financière de base devra être communiquée au CE, et s’en suivra une réunion extraordinaire afin d’analyser et discuter de cette information.

* Résultats fournis par la CGSLB/ACLVB.