Les prix du coton s’envolent à des niveaux plus observés depuis 10 ans. Cette fois, la cause première n’est pas la pandémie ou le conflit russo-ukrainien, même si ces deux crises ont un impact, mais bien la météo, et plus précisément la vague de sécheresse qui frappe les États-Unis.
Le coton a atteint 1,3171 dollar la livre (453 g) sur le principal contrat à terme américain ce mardi. C’est 7% de plus qu’en début de semaine et près de 50% supérieur aux niveaux observés à la mi-septembre, rapporte Les Echos. La fibre végétale n’avait plus atteint de tels sommets depuis juillet 2011, lorsque son cours s’était envolé jusqu'à 2,27 dollars la livre. À l’époque, une vague de sécheresse prolongée aux États-Unis, troisième producteur mondial et premier pays exportateur, était déjà la cause de la hausse brutale. Et cette année, les mêmes conditions semblent réunies pour que l’histoire se répète dans les États de la ‘coton belt’. En particulier au Texas, qui assure 40% de la production américaine et où l’on déplore un manque de précipitations exceptionnel depuis le début de l’année.
La météo n’est cependant pas la seule cause de l’explosion des prix du coton. La guerre en Ukraine alimente en effet une flambée des cours du pétrole. Or les intrants chimiques, dont la culture du coton est une grande consommatrice, sont des dérivés de l’or noir. Par ailleurs, la demande mondiale est également très forte en ce moment, alimentée notamment par les changements de comportement des consommateurs induits par la crise sanitaire. Et enfin, pour couronner le tout, l’envolée des prix de cet autre or blanc a aiguisé l’appétit des spéculateurs, avec à la clé un renforcement de la tendance haussière.
« Les prix des textiles vont augmenter »
Fedustria, l'organisation professionnelle des entreprises de l'industrie du textile, du bois et de l'ameublement, confirme avoir observé la hausse actuellement à l’œuvre, sans s’en inquiéter particulièrement au même titre que Creamoda, la fédération belge de la mode qui représente les marques et les fabricants d’habillement. « Selon moi, l'impact de la hausse des prix du coton à elle seule sera limité », estime Sylvie Groeninck, conseillère économique chez Fedustria, qui note que les tarifs pour les fibres synthétiques grimpent également. « Par contre, la hausse des prix des matières premières en général, de l’énergie, des salaires, etc. va faire que les prix des textiles vont augmenter. Mais à ce stade, je suis incapable de dire dans quelle proportion ou à quel horizon. » L’experte ajoute toutefois que cette augmentation devrait être limitée pour le portefeuille du client final par la concurrence venue notamment d’Asie.